3 heures du matin. Assis dans un fauteuil sous le rond de
lumière d'un abat-jour, un homme de 50 ans donne le biberon à
son nourrisson de 3 mois. Un demi-siècle et 96 kilos les séparent.
D'un côté un homme mûr, encore tout étourdi de cette paternité
tardive, perplexe devant cette posture de papa poule - cinq ans
plus tôt, il était encore un célibataire qui biberonnait à sa façon
dans le monde de la nuit.
De l'autre, minuscule dans les bras de son père, un bébé qui a
la vie devant lui ; qui tète, gigote, gazouille et grogne, d'autant plus
assoiffé de vie qu'il est né «en état de mort apparente».
Dans ce dialogue silencieux, qui commence à l'heure bien réelle
d'un biberon pour s'achever dans une intemporalité imaginaire,
s'expriment tous les paradoxes d'une confrontation entre un
nouveau-né et un père encore jeune, mais déjà avancé dans la vie,
et tous les questionnements qu'un tel événement peut impliquer.
Une drôle de fable, en somme. Une comptine qui, entre l'anecdotique
et l'onirique, l'humour et la poésie, pose un regard sur le monde et
le redoutable bonheur d'être père.