Hugo était-il (déjà) "moderne" ? Ne l'est-il plus aujourd'hui ? Ou l'est-il
encore, ou à nouveau, ou enfin ? Le sera-t-il jamais ? L'a-t-il jamais été ?
La question, au demeurant, a-t-elle un sens ? Et si c'est le cas, importe-t-elle
? D'ailleurs, que faut-il entendre par "moderne" ? S'agit-il de
rapporter l'épithète à l'histoire des idées (Victor Brombert), à celle des
arts visuels ou musicaux (Roselyne Pirson, Délia Mata-Ciampoli), à
la réflexion politique et sociale (William Paulson), à la poétique (David
Ellison, Pierre Brunel, Giovanni Dotoli), à la métaphysique du quotidien
(Ralph Heyndels), à la destinée filmique de l'oeuvre romanesque
(Kathryn Grossman), voire à l'invention de soi dans l'autobiographie
"déléguée" de l'Auteur (Béatrice Didier) ? A ces interrogations les
essais repris dans ce livre n'entendent pas répondre. Ils s'efforcent
plutôt de les problématiser. Et, ce faisant, ils font apparaître, chez
Hugo, comme le dit ici superbement Victor Brombert, "une dimension
d'angoisse, de contradictions internes, d'obsessions, et même de
folie", à savoir : discontinues, ambivalentes, souvent implicites et
surprenantes, parfois rusées, et soudain, oui, il faut bien le dire,
géniales, des modernités.