Howard S. Becker analyse la production de toute
oeuvre d'art comme une action collective. L'artiste
est au centre d'une chaîne de coopération liant tous
ceux qui, à des titres divers, concourent à l'existence
de l'oeuvre. Il se réfère à des créateurs du passé ou
de son temps ; il mobilise des fabricants de matériels,
des collaborateurs, des intermédiaires diffusant
l'oeuvre, des critiques, des théoriciens, des fonctionnaires
pour soutenir ou censurer l'activité créatrice, des publics.
Tous agissent sur la base de conventions communes
qui s'incarnent dans des savoirs, des techniques,
des habitudes de travail et des catégories de perception.
L'oeuvre apparaît ainsi dans le mouvement de sa genèse
matérielle et cognitive : elle est empreinte des multiples
décisions et interprétations qui font du «monde de l'art»
tout entier son «auteur».