Ainsi ils continuèrent tous d'être heureux et ce ne fut qu'un orage au milieu d'une belle saison.
Bernardin de Saint-Pierre
Elle écouta les bruits des sabres, des haches et des tronçonneuses. On dégageait les routes et les voies d'accès. Quelques chants d'oiseaux hésitaient encore. Tout semblait redevenir normal. La mer s'était lentement retirée. L'âme de la vie avait su étouffer pendant la nuit la fureur de ces houles qui avaient tout dévasté autour de l'île. Les vents avaient cessé.
Sophie regardait le lagon. Deux larmes perlaient sur ses joues Lorsqu'elle vit sur la plage branches d'arbres, feuilles, tôles froissées, bouteilles plastiques et emballages divers, bref tous Les débris que les vagues avaient rejetés. Plus loin, elle crut apercevoir quelques personnes en train de secourir un couple. Ses lèvres se détendirent.
L'alarme du réveille-matin interrompit brusquement son rêve.
L'ile Maurice était loin même si cette tempête était à l'image de leur propre naufrage. Elle étendit le bras vers Benoît et comprit qu'il était déjà parti au bureau. Elle se frotta les yeux, s'étira et murmura : « Nous sommes tous des rescapés. »