Un petit employé bruxellois tombe malade. Tandis que l’on s’affaire à le soigner, son esprit s’enfièvre. Il prend conscience de réalités nouvelles, d’êtres inconnus. qui sont peut-être les fantômes nés du délire, mais qui peut-être aussi composent un univers différent, dans lequel le malade s’engage audacieusement. Marcel Pantionis découvre ainsi le peuple étrange du Faubourg et son chef spirituel, Héguéziol, « concierge d’église », qui finit par entraîner tout son monde dans une migration aventureuse, aboutissant à une chaîne de montagnes que traverse un mystérieux tunnel. Pantionis prend part à cette expédition fantastique, alors que pourtant il passe pour mort ; mort peut-être en effet. Toute la nouveauté du récit consiste en ceci que le passage de la réalité terrestre à celle d’un au-delà encore fragmentaire et provisoire a lieu par degrés insensibles. Trouver une continuité de la vie à la mort, tel fut le principal dessein de l’auteur, qui, on le sait, s’est consacré en tant que romancier au jalonnement d’« itinéraires vers l’invisible ». Sous sa première version, qui parut en 1934, ce roman fut salué par toute la critique comme une révélation « de la plus brillante originalité » disait Edmond Jaloux. Revu et quelque peu abrégé, il se situe aujourd’hui, vingt-trois ans après sa publication, à l’extrême avant-garde de la littérature. Pourtant rien n’est plus clair, rien n’est plus logique au fond, que cette hallucination réelle, qui ouvre des perspectives inattendues et grandioses sur les profondeurs de la vie et de la mort.

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