Description

Avec le déchaînement de l'hyperinflation et le dérèglement général des mécanismes des paiements, l'économie congolaise a atteint, durant les années 1990, le seuil le plus critique de sa crise structurelle et multidimensionnelle. Voulant mettre fin au dysfonctionnement croissant de l'économie, le gouvernement avait initié, en 1993, une réforme monétaire dont le trait majeur consistait à remplacer les billets libellés en «zaïres» par d'autres billets dénommés «nouveaux zaïres». Contre toute attente, l'on a assisté, dans une partie du pays, au rejet total de cette nouvelle monnaie légale au profit des anciens billets qui venaient d'être démonétisés ! Ce phénomène est connu sous l'appellation de «l'espace monétaire kasaïen», en référence aux deux provinces du Kasaï où le comportement de rejet des signes monétaires a été observé.

Peut-on expliquer que, dans un même pays, coexistent, en temps de paix, deux monnaies nationales dotées chacune d'un espace propre de circulation ? Quel aura été l'impact économique de cet épisode monétaire ?

Ce livre, outre qu'il relate une expérience monétaire relativement inédite, s'efforce de fournir des éléments d'explication d'une situation qui peut sembler contredire le bon sens économique au regard des avantages généralement attendus de l'usage d'une même monnaie dans un ensemble donné. Les auteurs de cet ouvrage proposent une lecture novatrice du fractionnement de l'espace monétaire congolais en appliquant à rebours la théorie des zones monétaires optimales. Forts du constat que «la monnaie régit non seulement les relations des individus entre eux, mais aussi celles des citoyens avec l'Etat souverain», ils montrent également comment la donne politique peut influencer considérablement le comportement monétaire collectif des agents économiques individuels.