Description

L'État au monopole éclaté

Aux origines de la violence en RD Congo

Le débat du moment divise les spécialistes quant à la continuité ou la survivance de l'État-nation. Les uns estiment que l'État tend à sa disparition puisque envahi par de nouveaux acteurs supra et intra-étatiques, d'autres croient qu'il subsiste du fait de partager avec ceux-ci l'exercice de la puissance publique.

Cette étude s'inscrit dans la seconde option, et montre que l'État non seulement subsiste comme autrefois dans l'histoire, mais aussi connaît une mutation de ses fondements pour s'adapter aux transformations de son environnement. L'exercice du monopole de la contrainte légitime est de plus en plus éclaté entre plusieurs acteurs (privés et institutionnels) qui agissent en son nom même si parfois, en fait, c'est pour leur propre compte. Cela provient notamment de la « désinstitutionnalisation » des structures, qui bouleverse le fonctionnement de l'État et ouvre la porte aux immixtions supra-étatiques et privées dans ses compétences.

À travers le cas de la République démocratique du Congo, Guy Aundu Matsanza décrit ces bouleversements en démontrant l'emprise des individus et des réseaux (internes et externes) sur les institutions. L'effectivité de l'État ne relève plus seulement de ses institutions mais aussi de tous ceux qui contribuent à sa visibilité. C'est au travers des actions des individus et des réseaux ayant infiltré ou incarné les institutions publiques que l'auteur explique aussi la prolifération de la violence dans cet État.