Lors du dramatique hiver 1693-1694, Fénelon adresse au Roi
de manière anonyme une lettre terrible dans laquelle il remet
en cause sa politique. Le contexte s'y prête : chaque jour
les horreurs de la guerre et la misère frappent davantage le
peuple. Les difficultés s'accumulent sur le royaume : mauvaises
récoltes, réunion d'une grande partie de l'Europe au sein de
la Ligue d'Augsbourg, entrée en guerre avec la France en
1688 avec des conséquences économiques, fiscales et sociales
désastreuses pour le pays, crise religieuse. Fénelon en a
conscience : «La France entière n'est plus qu'un grand hôpital
désolé et sans provision.» Cette lettre, chef-d'oeuvre d'audace,
soulève de nombreuses questions, toujours actuelles, sur la
liberté d'expression, l'absolutisme et les dérives du pouvoir
personnel.
Deux autres textes complètent le volume : Examen de
conscience sur les devoirs de la royauté et une Lettre au duc
de Chevreuse sur la situation tragique que traverse la France
en cet été 1710.