«Durant les neuf derniers millénaires, l'humanité s'est
conduite en tant qu'espèce pionnière invasive. Cette
espèce est individualiste, agressive et envahissante.
Elle tente d'exterminer ou de supprimer d'autres espèces»
: ce constat implacable du philosophe Arne
Naess nous invite à repenser la nature écocidaire de
l'espèce humaine. Comment cette destruction massive
et inconsidérée de nos espèces-soeurs a-t-elle pu rester
si longtemps invisible et impensée ? Contre quelles résistances
théologique, scientifique, culturelle ou encore
morale l'émergence de ce concept a-t-elle buté ? Et
aujourd'hui, sur quelles bases éthiques fonder le deuil
des espèces perdues et la conservation des espèces en
danger ?
Cet ouvrage, qui envisage le phénomène d'extinction
d'espèce dans ses dimensions historiques, scientifiques
et morales, nous invite à prendre du recul face
à l'urgence actuelle de la crise de la biodiversité. Il
aborde l'origine historique du concept d'extinction ainsi
que ses racines mythologiques. Il rappelle la formalisation
progressive de ce phénomène par des savants
aussi divers que Palissy, Hooke, Cuvier, Lamarck ou
Darwin. Il replace les débats sur les extinctions dans
la perspective des sensibilités à la nature. Il interroge
la nature même de ce concept d'extinction d'espèce
par opposition à la notion de mort individuelle. Et si
les espèces pouvaient «revivre» ? Cela changerait le
jugement que l'éthique environnementale porte sur la
disparition des espèces et la «sixième extinction de
masse» qui s'annonce. Au final, l'auteur propose la définition
d'une norme de vie (la sauvageté) à même de
réconcilier espèces humaine et non-humaines au sein
de l'odyssée de l'évolution.