Nous vivons encore sur une image de Chateaubriand qui nous trompe.
Il en est bien, pour une part, responsable. Pour une part seulement.
car si nous lisons vraiment, d'un bout à l'autre, et avec attention,
ses Mémoires d'outre-tombe, un Chateaubriand nous apparaît
en tranparence, assez différent du personnage grandiose et drapé
qu'il se plaît, la plupart du temps, à dresser sous nos yeux.
J'ai tâché de le montrer ici dans sa vérité humaine. Tel qu'il était,
pour de bon. Tricheur, hâbleur, vorace et charmant.
Un «fameux lapin», disait de lui Hetzel, qui avait raison.
Une chance m'a été donnée : l'examen d'un manuscrit partiel, et
encore inconnu, de plusieurs livres des Mémoires d'outre-tombe.
D'où la présence, à la fin de mon travail, d'un chapitre complémentaire
entièrement formé d'inédits.
Henri Guillemin