L'Institut Alderson, pensionnat suisse pour gosses de
riches, traverse une période difficile et pourrait changer
de propriétaire. Aussi le petit cénacle des professeurs
vit-il des jours angoissés. Ici chacun panse une
blessure ou dissimule un secret : un deuil, le vice du
jeu, le déshonneur d'avoir été "collabo", la lâcheté
déguisée en pacifisme, l'opprobre antisémite, des
amours "contre nature", le sentiment d'avoir été
abandonné... Dans ce refuge de solitudes et de destins
brisés, la paroi des silences se fendille peu à peu,
laissant à nu des êtres qui doutent autant d'aimer
les autres que de s'aimer eux-mêmes. Durant ces
quelques mois de crise, relatés au fil d'une construction
kaléidoscopique rythmée, chacun des personnages
devra assumer ses faiblesses.
Metin Arditi est un conteur hors pair et son roman
est de ceux qui captivent. Le théâtre, la danse, la
littérature nourrissent un récit bondissant, aux ramifications
multiples, qui pourtant jamais ne s'écarte
de sa magistrale orchestration.