Depuis les peintures de Canaletto ou
les poèmes de William Blake jusqu'aux
romanciers du XVIIIe au XXe siècles et
autres promeneurs passionnés, Londres
est un personnage qui se décline en
chroniques, en confessions, en compositions
picturales, en odyssée urbaine.
À la suite de De Quincey et de son
errance opiomane, des arcanes obscures de
Dickens, des agents secrets de Conrad ou de
Woolf emmenant le lecteur dans une ville
fantastique, Max Duperray trouve dans la
flânerie au long des rues le décor terne de
Londres utilisé par James pour y planter le
désisoire destin humain face aux ironies du
sort, l'impasse où se trament les ambitions
libertaires du savant Jekill, les dichotomies
de la ville qui hantent Dorian Gray, le
marché de Covent Garden ou rôde le
meurtrier hitchcockien de Frenzy, mais
aussi la cité ombreuse pleine de lumière de
Whistler et les quartiers d'aujourd'hui au
gré des personnages de William Boyd mal
dans leur peau
Revenant sur ses pas, sentant l'espace
surchargé où se meuvent les foules et les
grands repères du décor urbain, l'auteur
fait plus qu'explorer des témoignages :
il traque un ailleurs littéraire, quelque vision
iconographique. Bref, il déambule sous un
ciel couvert, emboîte le pas de l'archéologue,
celui du détective, du promeneur,
enregistre les contrastes et les conflits
d'une vie mutante qui donne à penser en
marchant sur des traces prestigieuses.