La beauté des carquois et fourreaux d'or qui sont le sujet de cet ouvrage
justifie à elle seule qu'on leur accorde une attention particulière.
Retrouvés dans des sépultures de Russie et d'Ukraine, ces armements
typiquement scythes sont pourtant ornés de décors tout à fait grecs et
témoignent donc de l'acculturation qui s'est produite au IVe siècle avant J.-C.
chez les Barbares au contact des Grecs. De quel pouvoir politique sont-ils
les emblèmes ? La présence de l'un de ces gorytes dans l'antichambre de la
tombe II de Vergina, dite de Philippe II, a mis en lumière de façon
surprenante les rapports qui ont existé entre la Macédoine et les populations
de la mer Noire. Mais lorsque l'analyse scrupuleuse des décors permet de
découvrir que les scènes figurées sur ces panoplies sont des illustrations
d'épopées cycliques disparues, comme les Chants Cypriens ou les Epigones,
on ne peut que s'émerveiller, dès l'abord, de la culture des artistes qui les ont
réalisées et se féliciter d'obtenir ainsi la preuve que ces poèmes étaient
encore très connus à leur époque. On en vient ensuite à s'interroger sur
l'origine de ces objets. Le fait qu'ils existent en plusieurs exemplaires, les
rapprochements que l'on peut établir entre leur décor et les peintures ou le
mobilier funéraire des tombes de Macédoine laissent supposer qu'ils
proviennent d'ateliers macédoniens encouragés par Philippe II, désireux
d'étendre son influence au-delà de la Thrace.