Pascal étonne par sa modernité. Celle-ci a souvent donné lieu à des
rapprochements avec des auteurs du XXe siècle : Bergson, Kierkegaard ou
Teilhard de Chardin. Il se révèle en réalité héritier d'une longue tradition
philosophique et théologique marquée par la pensée néo-platonicienne,
le symbolisme des Médiévaux, l'apport de la Réforme. Ce livre souligne
les liens multiples et cachés qu'entretient Pascal avec certains grands
noms qui l'ont précédé : Grégoire de Nysse, Bonaventure, Nicolas de
Cues, Benoît de Canfeld...
Apparaît alors la construction scalaire des Pensées : l'Apologie, loin
d'être un assemblage de fragments autonomes, comprend trois niveaux de
discours distincts : philosophique, théologique et mystique commandant
chacun un type d'argumentation et un choix de thèmes particuliers : philosophie
de la «disproportion de l'homme», théologie des rapports de la
nature et de la grâce, mystique du «Dieu caché». Déterminer à quel
discours appartient chaque fragment permet ainsi d'envisager une lecture
synthétique des Pensées.