
En tant que «pivot géopolitique», l'Ukraine est une pièce maîtresse de la partie
stratégique opposant sur l'Échiquier eurasien les deux superpuissances de la
Guerre froide. Le statut particulier de cet État post-soviétique est à l'origine de
la «révolution» national-libérale dollarisée, ayant renversé - avec l'aide de courants
extrémistes, dont néo-nazis - le président pro-russe lanoukovitch, le 22 février 2014,
et dont l'objectif réel est le contrôle d'un espace doublement stratégique sur les plans
politique et énergétique. Au final, ce contrôle est la condition permissive de la poursuite
du reflux de la puissance russe, digne héritière de l'Union soviétique perçue comme
instinctivement hostile.
Comme choc exogène, ce putsch est potentiellement déstabilisateur pour les équilibres
internationaux post-guerre froide et en définitive, pour la stratégie de puissance -
«derjava» - développée par V. Poutine dans le cadre de son Union eurasiatique, dont
Kiev était une pierre angulaire. À travers la crise ukrainienne, c'est le futur statut de la
Russie dans l'espace politique européen qui se joue et, par ricochet, celui de l'axe OTAN-USA
- donc, en creux, l'idée gaullienne d'une «grande Europe» enfin indépendante.
À terme, la «révolution» du Maïdan aura donc un impact décisif sur la configuration
géopolitique du Nouvel ordre international issu du post-communisme, en rupture totale
avec l'espoir né de la Perestroïka gorbatchévienne, repris par la ligne Poutine d'un monde
multipolaire et égalitaire recentré sur l'ONU. Comme une ultime trahison, au coeur de la
Guerre tiède.
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