Comment élabore-t-on, ici et là, quelque chose qui vaille pour le monde ?
C'est la question qui guide l'auteur lorsqu'elle entreprend de suivre le montage
d'une Exposition universelle (celle qui a lieu au Japon en 2005), et de
comprendre les procédures qui permettent à une proposition, au départ se
donnant à lire comme locale, d'être homologuée comme universelle. Quels
sont les opérateurs universels ? Comment s'invente, se met en place, se présente,
se négocie, un universel sur le temps court (une dizaine d'années) ?
Avant son ouverture en mars 2005, l'Expo universelle est saisie comme un
projet qui, tout en s'inscrivant dans la lignée d'autres événements constitutifs
de l'histoire de la modernité japonaise, annonce une rupture - avec la
modernité occidentale précisément. L'auteur narre ainsi une des vies intermédiaires
qu'a connues l'Expo, à un moment où elle s'affichait comme une
alternative à l'universalisme dominant. «Au-delà du développement - À
la redécouverte de la sagesse de la nature» : telle que l'Expo était conçue,
elle portait l'idée que le Japon est aujourd'hui en mesure de proposer au
monde sa propre universalité, fondée sur ce que les Japonais revendiquent
depuis longtemps comme leur étant spécifique à bien des égards : une relation
harmonieuse à l'environnement naturel. La constitution de ce nouvel
universel se lit ainsi dans la laborieuse maturation du projet, dans les heurts
et les résistances qu'il rencontre, dans les efforts qu'en contrepoint déploie
l'équipe des concepteurs d'alors pour les résorber.