"Comment des jeunes, mal intégrés comme moi, scandalisés par l'arrogance
américaine comme moi, s'étaient-ils empressés de mettre le feu
au centre du monde ? Qu'est-ce qui m'a permis d'être un passionné de
la vie et eux des fanatiques de la mort ? Comment en est-on arrivé à
aspirer à des paradis opposés ? Assailli par des interrogations sans issue,
atterré par ces cadavres en masse qui s'entassaient, je me suis résolu à
regarder le spectacle.
Alors que les images du 11 septembre défilaient à la télévision, je compris
que je devais mon salut, moi fils de musulmans, à ces êtres qui
m'avaient donné du plaisir. Sans Zahra, j'aurais pu moi aussi suspendre
mon bonheur à un paradis improbable. Sans Zina, je n'aurais jamais su
qu'on pouvait se payer un paradis sur mesure, par la seule voie de
l'amour. Et sans les femmes, finalement, j'aurais peut être été un vulgaire
kamikaze, au corps déchiqueté"
C'est en retrouvant sa "boite noire" dans laquelle sont consignés des
pans entiers de son passé que le narrateur saura concrétiser, entre rêves
et réalité, son désir de toujours : écrire.