«Petit, chaque fois que j'écrivais quelque chose
ou faisais un dessin, j'avais besoin de le montrer
à ma mère pour savoir si c'était bien.
Qu'est-ce qu'elle penserait aujourd'hui de ce
que je suis en train d'écrire sur elle ?
Je suis inquiet. Elle doit en avoir assez qu'on
parle de son mari alcoolique. Ne pas avoir
envie qu'on parle d'elle, la discrète, la réservée,
de ses maladies imaginaires, de sa tristesse.
Va-t-elle savoir lire entre les lignes, comprendre
que ce livre est une déclaration d'amour ? Que
j'essaie de me rattraper, moi qui ne lui ai jamais
dit que je l'aimais, sauf dans les compliments
de la fête des Mères dictés par la maîtresse.
Ce livre, je l'ai écrit pour la faire revivre.
Parce qu'elle me manque.»