
S'il est incongru de saluer Maurice Blanchard même par le
biais d'une biographie, nous voudrions attirer l'attention sur la
réflexion de Mandiargues à ce sujet. «Les Français ont autant
de sensibilité poétique que les poissons ont l'instinct maternel».
Jusqu'à nouvel ordre, rien n'a changé. Le comble est aussi de
constater que l'on a trop parlé de ce Maurice Blanchard,
originaire de la Somme. On s'est contenté d'une étiquette même
après le travail de Jean-Hugues Malineau et Pierre Drachline
aux éditions Plasma, même après tant d'autres tentatives
courageuses. Solitaire comme il était, on pourrait s'étonner qu'il
fut publié dans les meilleures revues et anthologies de poésies
des années cinquante. A quoi bon définir sa poésie sans en
découvrir les arcanes du quotidien ! Cette biographie est celle
d'un personnage discret qui a beaucoup vécu. Tour à tour
ouvrier, marin, aviateur, constructeur d'hydravions, résistant, il
sera aussi l'un des principaux acteurs de la poésie surréaliste
résistante avec le groupe de La Main à Plume. Ami de René
Char, Paul Eluard, Joë Bousquet, Pieyre de Mandiargues... il
n'aura de son vivant qu'une poignée de lecteurs.
Ceux qui ne sont plus tentés par le diable et la poésie, ne
comprendront sans doute pas ce que Blanchard désirait et ce qui
lui faisait défaut. Son étrange vie, à peine «littéraire», est un
manifeste, une avant-garde qui s'ignore, un antidote contre la
naïveté et le crétinisme.
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