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L’inspecteur Max, gueule cassée alcoolique à la gâchette facile, exaspéré par les braquages incessants, entend user de méthodes peu orthodoxes pour endiguer la vague de violence qui s’abat sur le Paris des années 1960. L’intrigue de ce roman à suspense est particulièrement originale. Il ne s’agit pas d’arrêter des assassins ou d’élucider un meurtre, mais au contraire de susciter le crime. Comme un marionnettiste, « Max le Fou » manipule une bande de voleurs de cuivre sans envergure pour les pousser au hold-up, afin de pouvoir les arrêter triomphalement au jour et à l’heure dite, en flagrant délit. À l’origine du film culte de Claude Sautet, avec Michel Piccoli et Romy Schneider, le roman Max et les Ferrailleurs de Claude Néron paru chez Grasset en 1968, l’une des plus belles réussites du polar à la française. On y retrouve ce Paris voyou haut en couleur, avec ses petites frappes teigneuses, ses prostituées à la langue bien pendue, ses « professionnels » brutaux et cruels et, bien sûr, ses policiers cyniques prêts à tordre le droit pour arriver à leurs fins. S’il y a du Audiard dans cette œuvre aux dialogues drôles et pittoresques, il y a aussi un peu de ce Nouveau Roman, en train de prendre son essor dans les années 60. Les courses-poursuites, les fusillades sont l’occasion de plongées psychologiques étonnantes et de réflexions subversives sur la violence et les conséquences sociales du colonialisme français. « Il ne fallait pas leur donner un fusil », répète sempiternellement Max, en pensant à ces anciens soldats devenus des gangsters, puis lui-même ouvre le feu sans états d’âme, en « professionnel ».