Un heureux hasard a fait tomber entre nos mains un grand parchemin
fort endommagé qui contenait les coutumes de l'une de ces bastides
semées à pleines mains, au quatorzième siècle, sur les rives du Midou,
aux confins de l'Armagnac. Montaigut, fut le nom donné à la petite cité
naissante, par Guillaume de Montaigut, chevalier et sénéchal du duché
d'Aquitaine, agissant au nom d'Edouard II, roi d'Angleterre et due
d'Aquitaine.
Le lieu choisi pour la ville nouvelle portait le nom de Las Bordes : il
était situé sur la rive gauche du Midou et se trouvait à deux kilomètres
environ de Monguillem, autre bastide de la même époque, dont la fondation
fut également l'oeuvre de Guillaume de Montaigut.
Montaigut, maintenant compris dans le canton de Villeneuve-de-Marsan,
eut le sort de la plupart des bastides purement royales créées au
quatorzième siècle. Elle ne réussit jamais à sortir de son obscurité, bien
différente en cela des cités landaises et gasconnes, en général, qui
furent l'oeuvre des archevêques, des évèques, des abbés, des comtes.
Il est manifeste que cette quantité de bastides frontières établies au
quatorzième siècle sur les limites de l'Armagnac et des Landes occupés
par les reis de France et d'Angleterre, ne sont pas autre chose que des
lieux fortifiés où l'on attirait les habitants pour leur procurer la sécurité
et le moyen de se défendre contre les voisins. Entre ennemis irréconciliables,
comme l'étaient les français et les anglais, il fallait pour se
sauvegarder autre chose que des châteaux. On créa donc de petites
places fortes ou bastides dont tous les habitants devenaient les défenseurs.