Diane a seize ans, des cheveux dans les yeux et pas
beaucoup d'amis. Au lycée, elle a pris l'habitude de
passer inaperçue. Et même, parfois, elle disparaît :
pas besoin de pouvoirs magiques, pour cela une
maladie suffit...
Diane aime la musique, les garçons qui ont de beaux
yeux et la poésie. Alors, puisque le monde est beau,
tout de même, et qu'on y est jamais aussi seul qu'on
le croit, elle va trouver un moyen d'exister aux yeux
des autres, un moyen fort, efficace comme un coup de
poing, rouge comme un drapeau révolutionnaire,
rouge comme un rideau de théâtre, rouge comme un
coeur qui bat...
"Diane planche sur le nouveau commentaire composé...
Dans ce monde que je ne comprends pas, dont je ne peux
rien admettre, où je ne peux rien désirer... je suis obligé par
surcroît à une certaine tenue, à peu près n'importe laquelle,
mais une tenue...
Il faut à tout moment répondre quelque chose alors qu'on
ne comprend rien à rien ; décider n'importe quoi, alors
qu'on ne compte sur rien ; agir, sans aucune confiance.
Diane commence à s'y retrouver de mieux en mieux. Elle se
sent en harmonie, en communion. Quelqu'un dit des mots
qui pourraient être les siens. Elle est envahie d'un grand élan
de reconnaissance envers cet autre elle-même. Elle a envie
de le suivre sans savoir où il l'entraîne."