Notre expérience s'est pensée, en Europe, à
partir d'une séparation du vital et de l'idéal ; on
a dit «nourrir son corps» ou son «âme» (par
la vérité).
Or l'expression commune en Chine de
«nourrir la vie» nous conduit à remonter à la
non-séparation de ces plans ; et, par là, en suivant
Zhuangzi, à creuser l'écart avec l'idéal grec de
la connaissance ainsi qu'avec l'idée du bonheur
conçu comme finalité.
Certains de nos partis pris rationnels les plus
massifs s'en voient ébranlés. Mais tout autant le
recyclage de l'Orient en un mysticisme suspect
où le marché du «développement personnel»
vient inlassablement puiser.