Ces Nouvelles Études sur l'Ovide moralisé apportent la certitude
que l'auteur avait une conscience claire de son projet et
maîtrisait les moyens poétiques pour le réaliser. Son dessein
est avant tout moral et spirituel : il n'hésite pas à opérer de subtils
glissements qui orientent la légende pour l'accorder à la
vérité chrétienne. Il fustige les péchés mais va jusqu'à «escamoter»
la théorie de la métempsycose, voire à nier le phénomène
de la métamorphose dans ses aspects surnaturels et
arbitraires, ou à «briser le cercle vicieux de la métamorphose
par la ligne droite de la translatio», c'est-à-dire de l'allégorie.
Sa conception de la Création est conforme à celle de saint
Bonaventure, ce qui confirme son appartenance à une mouvance
franciscaine. Malgré les apparences, il établit une forte
cohérence entre la fable et son interprétation, et témoigne du
savoir scientifique et médical de cet âge gothique dont il est un
témoin important. Il rejette la poésie lyrique pour valoriser la
«philosophie», recherche de la vérité et du salut. La notion de
«subtilité» est aussi importante pour l'anonyme que pour les
autres écrivains du XIVe siècle. La figure de Pythagore s'oppose
à celle de Circé, dans une recherche de l'harmonie - du corps
humain, politique, et cosmique - contre le désordre, symbolisé
par l'idolâtrie et l'hérésie.