Le 14 juillet 1953, comme chaque année, les Algériens participent au défilé
du PCF et de la CGT à Paris. Regroupés dans des cortèges bien encadrés par le
service d'ordre du Mouvement pour le Triomphe des Libertés Démocratiques
(MTLD), ils défilent derrière leurs banderoles et un immense portrait de
Messali Hadj, le chef national en résidence surveillée à Niort, dont ils exigent
sa libération et son retour en Algérie.
Ils défendent leurs revendications, réclament la fin de la répression et
une Assemblée Constituante en Algérie. Inlassablement, ils manifestent leur
solidarité avec la classe ouvrière et le peuple français. Place de la Nation,
les forces de l'ordre se déchaînent contre le cortège algérien faisant 7 morts,
dont un syndicaliste français et une centaine de blessés par balle.
Dans un meeting, le PCF condamne la répression et soutient le droit du
peuple algérien à choisir son destin. La presse de gauche, les intellectuels,
les syndicats et le peuple de Paris rendront hommage aux «martyrs de la
liberté», mais le débat au Parlement tourna court.
Dans ce livre, Jacques Simon replace ce drame dans l'histoire longue
de l'immigration algérienne et précise ses relations avec la CGT et le PCF.
Il s'agit, estime-t-il, d'un fait majeur dans l'histoire de la IVe République
comme dans celle du MTLD, dont la crise ouverte en 1952 explose un an plus
tard. Elle aboutit, après la victoire des messalistes sur la direction réformiste
du MTLD à la refondation du parti qui s'ouvre le 14 juillet 1954 à Hornu
(Belgique). Il adopte le programme proposé par Messali et désigne une
direction : le Conseil National de la Révolution (CNR) qui décide, un an après
la répression de la Nation, le passage à la lutte armée en décembre 1954, pour
arracher l'indépendance de l'Algérie.