Le premier volume du cycle Lémistè, sous-titré «Liber
America», était une approche par la parole de l'univers culturel
et langagier du monde amérindien, à travers le choc entre
les cultures européenne, africaine et caraïbe, qui se traduisit
notamment, du point de vue de la langue et donc de la littérature,
par l'invention à travers le créole d'une langue particulièrement
sensuelle.
Dans le présent volume, Partition noire et bleue, Monchoachi
explore, à sa manière, le continent africain, sa puissance
symbolique, son énergique vitalité. La grande originalité de
la prosodie de ce livre, - où l'incantation la plus mystérieuse
et la réalité langagière la plus immédiate et triviale répondent
par la parole poétique au génie tragique de l'Afrique, - est de
métaphoriser par une langue particulièrement riche et parleuse ses
rites, ses masques, toute cette force merveilleuse qui «consiste
à être relié par toutes les fibres du corps aux puissances de
l'univers». Monchoachi magnifie le Continent noir et ses
riches cosmogonies face à l'emprise étouffante et froide de «la
rationalité rapetissante, standardisante, nivelante, le fatalisme
morne généré par un culte obtus rendu à l'évolutionnisme...».
Un livre qui s'inscrit dans le continuum d'une incroyable
et fascinante entreprise langagière. C'est à la fois le livre d'un
explorateur, d'un penseur, d'un ethnographe aussi bien, mais
par-dessus tout un grand poème fondateur.