Deux voix entrelacées.
Celle, révoltée, de Bernanos, témoin direct de la guerre
civile espagnole, qui dénonce la terreur exercée par les
nationaux avec la bénédiction de l'Église contre «les
mauvais pauvres».
Celle, roborative, de Montse, mère de la narratrice et
«mauvaise pauvre», qui, soixante-quinze ans après les
événements, a tout gommé de sa mémoire, hormis les
jours enchantés de l'insurrection libertaire par laquelle
s'ouvrit la guerre de 36 dans certaines régions d'Espagne.
Deux paroles, deux visions qui résonnent étrangement
avec notre présent et font apparaître l'art romanesque
de Lydie Salvayre dans toute sa force, entre violence et
légèreté, entre brutalité et finesse, porté par une prose
tantôt impeccable, tantôt joyeusement malmenée.