«La dignité de l'homme est dans l'intelligence.» Cette formule lapidaire de S. Grégoire de Nysse - peut-être surprenante aux yeux de certains - illustre bien le propos de l'auteur de Perspectives spirituelles et faits humains, ce livre désormais classique paru pour la première fois aux Cahiers du Sud en 1953 et ici réédité. Frithjof Schuon précise que si «l'intelligence est ce qu'il y a de plus élevé dans le monde», c'est «précisément parce qu'elle y est "quelque chose de Dieu", un rayon du "Soi"... L'intelligence "active" ou "directe" dont bénéficie le genre humain est donc une noblesse qui oblige.» L'objet par excellence auquel cette intelligence a vocation à s'appliquer - et dont elle participe - étant l'Absolu, Dieu, le Souverain Bien, et par suite le phénomène religieux, l'auteur met en lumière l'unité essentielle des sagesses traditionnelles et des voies spirituelles qui s'offrent aux infinies variations des tempéraments individuels et collectifs, mais il rappelle également que la compréhension de la diversité des formes religieuses n'est ni une nécessité spirituelle, ni «une manifestation nécessaire du dépassement des formes». Sans la foi, qui exclut tout relativisme, il n'y a pas de voie possible. Et, comme l'auteur excelle à le démontrer, «il n'y a pas non plus de connaissance métaphysique sans beauté et sans vertu».

Essentiellement composé d'aphorismes, de notations éparses, d'extraits de lettres ou d'articles, ce livre singulier, d'une extrême densité, traite de symbolisme, d'esthétique et d'art, de psychologie spirituelle et de métaphysique. Il résout bien des oppositions apparentes et dégage de profondes symétries et complémentarités de l'étude et de la comparaison du Vedânta, du bouddhisme, du soufisme et de la spiritualité chrétienne, à l'exclusion de tout syncrétisme.

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