Petite route du dépaysement
Tout ce que nous estimons ou croyons, pensées graves ou brillantes, attachements passionnés, projets extraordinaires, tout ce à quoi nous nous affairons avec le plus grand sérieux n'a peut-être aucune espèce d'importance en regard du très simple qui nous arrête quelquefois sans que nous y comprenions rien.
Tout part de peu de chose, comme il en va souvent dans les livres de Didier Jourdren, cette fois, d'une impression de troublante familiarité au cours d'une marche dans la campagne, « alliance étroite d'un instant » qui éveille l'inspiration. La petite route devient peu à peu chemin de poésie, la voix naissant d'une écoute patiente, méditative et rêveuse à la fois, essayant de témoigner, en nouant des liens avec d'autres rencontres, avec l'enfance et les disparus, de ce qui a eu lieu. « Je trace des mots, écrit le poète, pour entendre ce qui leur échappe », cet insaisissable qui touche peut-être au plus vrai de ce que nous pouvons vivre.