
Notre monde est peuplé d'écrans : ceux du cinéma, de la télévision, des
ordinateurs et désormais des téléphones et tablettes qui nous permettent
d'accéder aux réseaux. Vivons-nous dès lors dans le monde de la caverne
décrit par Platon, prenant des ombres pour le monde réel ?
De fait, cette société d'écrans recombine l'espace et le temps, redéfinit
les frontières du marchand et du non-marchand, mais aussi celles du
public et du privé : elle démultiplie les capacités de surveillance des
États et des entreprises, introduit de la temporalité dans ce qui nous
apparaissait jusqu'alors comme des instants plutôt que comme des
processus - la naissance et la mort ; elle démocratise l'accès à la célébrité.
La réalité ne se donne pas seulement à lire sur nos écrans, elle s'y
construit également, transformant le monde : ce monde n'est plus
l'univers infini, naturel, de la science classique, mais un système réfléchi
dans lequel les différentes sphères de la réalité interagissent
continuellement. Les médias se font l'écho des situations extrêmes,
la science a pris le pli de s'organiser en fonction des cas moyens,
et nous nous trouvons démunis pour nous orienter dans la vie
quotidienne. Le stade qu'atteint la fabrication du réel rend obsolètes
les manières de penser que nous avons héritées des Lumières.
C'est un nouveau discours de la méthode qu'il nous faut aujourd'hui.
Ce livre en jette les bases.
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