Abû Nuwâs a vécu une époque où la religion islamique, n'étant pas menacée, était disposée à transiger. On a bien du mal à imaginer aujourd'hui que cette œuvre poétique, d'une audace érotique, satirique et mystique sans égale, ait, à rebours de toute pruderie dévote, reçu les louanges des plus grands esprits de son temps.
Plus subversifs que jamais, les vers cinglants de Abû Nuwâs, à la gaité féroce et au tragique serein, semblent de nature à réveiller les peuples arabes de la torpeur morne où ils sont, pour leur malheur, engoncés. Mais aussi à entamer l'égocentrisme culturel occidental.