Pierre Bourdieu a longuement analysé ce qu'il qualifiait de «champ politique».
Mais pour penser la politique politiquement, il convient de la penser «hors-champ»
Politique hors-champ se présente comme une contribution à la critique de la
politique considérée comme un champ particulier et séparé de la vie sociale. Limiter
la politique à ses moments institutionnels, alors qu'elle est tout à la fois une pratique
sociale, est un appauvrissement de ses potentialités, incompatible avec toute
politique d'émancipation - c'est à dire de politique communiste.
Il en résulte une critique de certains des concepts les plus habituels de la théorie
politique, comme la «société civile», qui suppose une «société politique» distincte
et refermée sur elle-même, comme les «partis», qui tendent à s'approprier l'action
politique au détriment de la masse des citoyens, et même comme la «démocratie»,
considérée comme un type d'institutions distinctes de la société elle-même et dès
lors insensibles à ses contradictions.
Un long chapitre propose de suivre le parcours de l'idée de la politique dans le
travail d'un certain nombre d'auteurs classiques, de Machiavel à Marx, montrant
comment s'enracinent les thèses proposées dans l'analyse de certaines intuitions,
certains développements, voire certaines impasses de ces auteurs. S'ensuivent des
critiques détaillées des conceptions classiques de la démocratie et de la notion de
parti politique.
Pour illustrer les thèses soutenues dans l'ouvrage, différentes époques de
l'histoire et différentes disciplines du savoir sont mobilisées, de l'Antiquité classique
à la Révolution française ou la Révolution russe, et de l'anthropologie à la sociologie
ou la philosophie.
L'ensemble constitue un tout à la fois cohérent et ouvert au terme duquel la
politique, dont l'enjeu est l'hégémonie, apparait comme le véritable levain de
l'histoire.