Les manuels d'histoire n'en font que peu de cas, mais à la fin du Moyen Âge,
des bûchers sont dressés dans toute l'Europe chrétienne et consument des
milliers de femmes condamnées pour sorcellerie. En suivant le fil de ses
recherches historiques, Jacques Roehrig met au jour un épisode sombre de
notre histoire, dont il se fait l'écho retentissant, et qui résonne jusqu'à nos
jours par sa saisissante et effroyable actualité.
Après avoir analysé le contexte qui a vu naître ces grands procès de sorcellerie
des XVIe et XVIIe siècles, l'auteur se consacre au territoire correspondant aux
actuelles régions emblématiques d'Alsace, de Lorraine et de Franche-Comté,
pour y mener son enquête. Dans cette période trouble marquée par les
crises économiques et les guerres, les autorités tant laïques que spirituelles
stigmatisent, sous le règne de la peur, un pan marginalisé de la société sous
prétexte qu'il pactise avec le Diable, responsable de tous les malheurs d'ici-bas.
Est ainsi créé le crime mixte de sorcellerie qui permettra aux institutions
judiciaires d'aggraver une simple querelle de voisinage en acte de sorcellerie
dont l'enjeu devient la condamnation à mort.
En dévoilant le déroulement de ces procès, et en allant jusqu'à rapporter le
récit détaillé de trois d'entre eux, Jacques Roehrig nous permet de découvrir
les rouages et les ravages du système inquisitoire pour mieux comprendre ce
que l'on appellera, des siècles plus tard, «la chasse aux sorcières».
En fin d'ouvrage et au-delà de son rôle d'historien, Jacques Roehrig prend
position pour que soit honorée la mémoire de ces femmes persécutées.
Obéissant au désir de leur redonner corps, il dresse ainsi, sur la base
des archives consultées, un «Mémorial des sorcières», riche de plus de
5 000 noms, qui intéressera les chercheurs, les généalogistes comme tous
les autres curieux.