Quand nos baisers s'offraient comme des fleurs... C'est chose commune que de dire « On connaît la chanson », mais en l'occurrence, celle que je chante ici est inconnue du grand public. A raconter, je pourrais vous en dire « il était une fois » car ce récit se lit comme un conte, où chacun reconnaîtra la nymphe, héroïne discrète d'une histoire pourtant ô combien indiscrète. Il était une fois en effet, un compositeur de talent qui écrivit pour une femme aimée une partition géniale mais qui tomba vite dans l'oubli dès que le Romantisme prit fin. Ce pianiste, tout le monde le connaît pourtant, c'est Frédéric Chopin. La composition était néanmoins trop spleen pour franchir les ans. Ce n'est qu'en 1931 qu'un parolier, de talent lui aussi et lui aussi épris d'une femme, (Jean Loysel), trouva bon de mettre sur ces notes d'une Tristesse infinie, (tel étant d'ailleurs le titre de ce morceau), des paroles non moins tristes : adieu beau rêve... quand nos baisers s'offraient comme des fleurs. Thème que j'ai donné pour titre au récit que je vous propose, mais où, fort heureusement, le rêve ici se poursuit. Comme me poursuit moi-même l'ombre de cette femme aimée ; ou plus exactement, comme me poursuit cette ombre, qui s'enfuit à mesure de mon approche. Mais pour, au final, me mener où de moi-même jamais je n'aurais osé aller. Comme une force aimante où moi-même me suis trouvé aimanté. Et au bout du chemin, enfin, se trouver tous deux réunis. Quand de nouveau, retardant l'aurore chasseuse de rêves, se lève une autre lumière. Eblouissante ; à l'image de cette femme « de rêve », comme on aime à dire. Ose et imagine dit une autre chanson. Ce récit, dit à juste raison « initiatique », est celui de la Tentation, où goûter au fruit nous entraîne loin de la bagatelle. Jusqu'à l'inimaginable. Au point que vous en dire davantage, je n'ose.