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« La rencontre de Simone Weil – cette maladive et énergique jeune fille qui passa chez nous, dans la région stéphanoise, et fut des nôtres – compte parmi les plus mémorables que je dois au syndicalisme révolutionnaire. J’ai formé le projet périlleux de dire ce que fut sa vie quotidienne parmi nous pendant les trois ans où une chance insigne me permit de la connaître un peu. Pour répondre à quelques-uns qui me demandaient ce que fut cette rencontre, je suis resté longtemps dans une grande perplexité, face à des documents, épars, encore aujourd’hui, devant moi, et qui ne cessaient, textes et images, de refuser de vivre que pour vivre trop intensément, d’une vie qui me dépassait, et dont la puissance m’étranglait de paralysante émotion. » C’est par ces mots noués par la perte de la prof de philosophie et par le puissant souvenir d’elle que débute le récit de Jean Duperray. L’ancien instituteur raconte avec une grande pudeur le passage de Simone à Saint-Etienne (1932-1934) et l’impact de son étonnante présence volontariste sur les camarades ouvriers et mineurs, dont elle forçait l’admiration et l’inquiétude. L’écrivain a réussi à la faire revivre, le temps de quelques pages, avec une formidable justesse de style.