Le 2 décembre 1851, Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République depuis
1848, déclenche un coup d'État pour conserver le pouvoir. Dans le Luberon, en
même temps que dans les territoires provençaux voisins des Basses-Alpes et du Var,
les républicains réagissent massivement pour défendre la constitution que le futur
empereur vient de bafouer. Isolée, limitée à quelques départements, surtout méridionaux,
cette insurrection sera vaincue, mais elle est fondatrice d'une tradition
politique qui va marquer durablement notre région.
S'inspirant des travaux fondateurs de Philippe Vigier sur les départements des
Alpes du Sud et de Maurice Agulhon sur le Var, Romain Gardi retrace la genèse de
l'événement afin de comprendre l'importance qu'il a pris. Il s'intéresse aux divers
chemins que suit «l'apprentissage de la République» pour paraphraser Maurice
Agulhon, une République qui n'est pas n'importe laquelle, mais qui est «la Belle»,
celle qui doit associer liberté et justice sociale et dont le coup d'État vient d'anéantir
l'espérance. Il livre ainsi une radiographie très fine de la société des villes et villages
du Luberon à la veille de l'insurrection et fournit, en même temps, une analyse
de «la politique vue des coulisses».