
Après avoir accédé au pouvoir en 1979, les mouvements
islamistes en Iran ont voulu faire de l'école une institution au
service de leur projet politique et idéologique. Ainsi, près d'un
siècle après la naissance du système éducatif moderne iranien, le
pays a connu une expérience inédite de «dé-laïcisation» et
d'«islamisation». La mission la plus «sacrée» de cette école
«islamisée» qui tente d'associer le temporel et le spirituel, est
de former le nouvel homme musulman, un croyant vertueux,
consciencieux et engagé au service de la nouvelle société
islamique.
Pour ce faire, les manuels et les programmes scolaires ont
été largement révisés, les pratiques religieuses et la propagande
politique sont devenues monnaie courante, la formation et le
recrutement des enseignants font l'objet d'un contrôle
draconien. L'école puritaine s'est rapidement transformée en un
royaume d'interdits, une institution répressive, en particulier
vis-à-vis des filles.
Plus de vingt-cinq ans après l'islamisation du système
éducatif les dirigeants de la République islamique rejoignent les
chercheurs et l'opinion publique pour avouer ouvertement
l'échec de cette expérience singulière. C'est la jeunesse
iranienne avec ses conduites rebelles qui a permis de révéler
l'inefficacité du «clonage éducatif» recherché par la religion
d'État. L'ironie de l'histoire est que les nouveaux acteurs
sociaux qui revendiquent aujourd'hui une société ouverte et
démocratique et une religion tolérante sont formés au sein de
cette école endoctrinée et moraliste.
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