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Le Port de la drogue, Shock Corridor, Dressé pour tuer... Les films de Samuel Fuller, à l’instar de sa vie, ont prêté à bien des malentendus : sur la violence, la politique, la guerre, les hommes, les femmes, les États-Unis. Des cinéastes de sa génération (Robert Aldrich, Richard Brooks ou Nicholas Ray), Fuller est en effet celui qui a suscité au fil du temps les évaluations et les jugements les plus contradictoires. Il y a superbement survécu : indépendant jusqu’à l’intransigeance, rageur, lyrique, tendre, conteur fabuleusement inventif, inconvenant, drôle, en un mot libre. S’il revendiquait un cinéma de basse extraction quant à ses budgets et au matériau qu’il privilégiait, il tenait avec orgueil à inscrire au fronton de ses films qu’il les écrivait, les réalisait et souvent les produisait lui-même. L’énergie extrême que tout le monde s’accordait à lui reconnaître a longtemps fait elle-même l’objet d’une méprise. Loin d’être une force brute et aveugle, elle doit s’entendre, ainsi que chez Balzac dont il était fou, comme ultime puissance créatrice.