Secret, le silence
Il ne sera peut-être pas indifférent au lecteur de savoir que les lettres
qui retracent les étapes douloureuses du chemin érotique parcouru par
l'héroïne de ce roman s'inspirent, assez librement, il est vrai, des confessions intimes d'une jeune sainte, morte des souffrances tant physiques que mentales de l'amour à l'âge de vingt-cinq ans, dûment canonisée à ce titre
par l'Église catholique. On ne saurait s'empêcher de noter, en effet, que la
religion de l'amour manifestée par un culte violent, immodéré, déraisonnable, de la passion, qu'elle soit jugée d'ordre sacré, hautement spirituel, ou d'ordre bassement charnel, honteuse, immorale, scandaleuse, résulte
depuis toujours d'un même désir profond de fusion totale avec l'objet de
cette passion par les voies mêlées, ardemment et désespérément idéalisées,
de la souffrance et de l'amour.