Écrite en 1928, la Symphonie opus 21 est
certainement l'oeuvre la plus emblématique
de la pensée d'Anton
Webern. Parmi les compositeurs de
son temps, il est sans conteste celui qui
a le plus ressenti la série comme une
véritable nécessité, non seulement sur
le plan d'une nouvelle grammaire
musicale, mais aussi en rapport intime
à une vision du monde. Émerveillé par
la nature, Webern aimait les plantes et
les fleurs, ainsi que les courses en
haute montagne. Dans cet état d'esprit,
la série n'est pas seulement pour
lui un point d'appui à partir duquel il
exerce son imagination motivique, elle
constitue aussi la métaphore d'un
«germe» incluant la potentialité de
l'épanouissement d'une organisation
particulière. La présente étude constitue
une analyse de type «compositionnelle»
: illustrée de nombreux exemples
musicaux, elle privilégie l'étude
d'un certain nombre de modes opératoires
capables, aujourd'hui encore,
de susciter une réflexion enrichissante
et de clarifier certaines notions dépassant
le cadre particulier de la
Symphonie opus 21. Ainsi digresse-t-on
parfois sur d'autres compositeurs,
qu'ils soient du passé lointain,
contemporains de Webern, ou successeurs.