Raillé par certains pour l'indigence de sa musique ou, à l'inverse,
considéré par d'autres comme le plus grand symphoniste depuis
Beethoven. Sibelius divise. Admirateur de Berlioz dans sa jeunesse
puis de Debussy et Schönberg plus tard, il laisse une oeuvre radicale dont
l'esprit a évolué au fil du temps.
Le Retour de Lemminkäinen et la Symphonie n° 2 appartiennent à la première
période créatrice du compositeur, celle au parfum postromantique
et reintée d'une inspiration "nationale" irriguée par les légendes finnoises,
notamment l'épopée du Kalevala.
Si l'art de Sibelius - demeurant hermétique à toute inclination folkloriste
devient ensuite plus épuré, plus "classique", voire plus austère, ces deux
ouvrages liminaires s'imposent par leur souffle et leur audace.
De l'irrésistible "chevauchée" de Lemminkäinen, portée par une architecture
rythmique enivrante, à la singularité formelle fascinante du premier
mouvement de la symphonie, ces partitions comptent assurément parmi
les chefs-d'oeuvre du compositeur.
Paul Daniel et l'ONBA en restituent ici toute la nordique splendeur.
Laurent Crotzier