Redéfinir l'anthropologie, c'est d'abord dissiper le malentendu
instauré par le modèle galiléen de scientificité appliqué aux
sciences sociales contemporaines afin d'opérer un retour à
la fondation historique de cette discipline dans l'epistêmê politikê
des anciens Grecs.
Trois voies d'accès à ce monde antique se dessinent à partir
de trois oeuvres du XXème siècle : la première a été ouverte par
Georges Dumézil dans ses recherches sur la tripartition possible
du panthéon grec ; la deuxième est celle de l'élucidation phénoménologique
qui trouve son aboutissement dans l'oeuvre de
Martin Heidegger ; et la troisième s'inscrit dans la perspective
encore insuffisamment exploitée par la théorie grammaticale
de Gustave Guillaume qui va directement aux processus de
pensée constructeurs du signifié sans signifiant qu'est le système
de la langue.
L'examen de la co-factualité existentielle grecque se déploie
à partir d'un vaste champ qui concerne la philosophie, l'histoire
et la médecine. À la lumière de cette enquête minutieuse, se
dégage le commencement systématique du penser grec tel qu'il
s'esquisse dans les systèmes de libertés que laisse entrevoir
la reconquête de la signification grecque du mot aretê, traduit
en français par «vertu».