La provocation est l'essence de la modernité. Les révolutions
qui ont accouché du monde moderne ont marqué les étapes
d'une décadence d'autant plus inexorable qu'elle a pris le
visage du progrès. Le principe totalitaire est aussi universel
que la présence en chacun de nous du «tiers inclus», à savoir
l'espionnage des âmes exercé par un pouvoir inquisiteur qui
s'installe à l'intérieur même des consciences. Ce principe tire
son origine de la promesse du Christ de ne jamais quitter ses
disciples.
Prenant appui sur l'«affaire Azef», emblème de la
provocation à la veille de la Première Guerre mondiale,
déconstruisant un faux antisémite pour décrypter le mécanisme
d'une intoxication de masse, guidé par Vassili Rozanov qui
a posé les jalons de la «théologie de la provocation» en la
mettant lui-même en pratique pour mieux en dénoncer les
tenants et les aboutissants, Gérard Conio chemine à travers les
grands bouleversements intellectuels de la culture russe pour
dénoncer une vérité occultée : l'essence de la provocation est
dans l'inversion des valeurs.
Et les catastrophes qui ne cessent d'ébranler le monde
au nom de la démocratie et des «droits humains» sont la
meilleure preuve de cette mystification qui s'appuie sur les
grands sentiments pour nous fermer les yeux sur des vérités que
nous refusons de voir.