J'aurais aimé vous parler du miroitement du soleil surl'eau courante, du peuplier au vert tendre qui danse au-dessus de l'onde claire. En empruntant un «bateau ivre» nous aurions pu, vous et moi et Rimbaud, descendre la rivière avec quelques Iroquois. Mais ces pages lentes et longues évoquent plutôt un autre aspect peu avenant:
«Les noyés descendaient pensifs à reculons»
A. Rimbaud
Je présente donc aussi mes excuses aux rivières d'Ariège. Quelle honte! Les mettre en chiffres, enformules, triturer leur débit, ergoter sur leur régime, vouloir les rendre prisonnières de quelques formules barbares. Elles qui symbolisent le mouvement, la liberté, l'élégance, la vie qui passe avec toute sa richesse et sa saveur...
Le soleil jaune et rouge vient de se coucher derrière la colline verte et grise. L'Ariège coule sous ma fenêtre, le soir approche, elle s'assombrit. Mais demain matin aux premiers rayons, elle va à nouveau me sourire. Elle m'aura sans doute pardonné...