
Un essai de transformation sociale
Le quartier Picassiette à Chartres
La cité de transit construite en 1954 sur les Hauts-de-Chartres,
derrière le cimetière municipal, est une cité provisoire, une cité
ghetto, faite pour durer. Le balayeur du cimetière se rêve un destin
d'artiste. Il ramasse les choses jetées, les morceaux de verre et
d'assiettes dont il couvre sa maison : il devient mosaïste...
Cet architecte singulier donne à Patrick Macquaire, éducateur
chargé d'accompagner la réhabilitation du quartier, la matière
d'une construction particulière, celle d'une Régie de quartier,
entreprise associative, cheville ouvrière d'une reconstruction qui
est aussi celle des associations et des habitants qu'il prend en charge.
Les balayeurs de la Régie deviennent des artistes, des mosaïstes...
À l'exemple de Deligny ou d'Alinsky, Patrick Macquaire montre
que l'éducateur est un créateur de circonstances - un archéologue,
un ethnologue qui restitue les dimensions enfouies ou refoulées.
Lecteur de La Boétie, mais aussi de Tosquelles, d'Oury, de
Basaglia et de Clastres, il invite à une critique du politique et de
l'institution, à un refus de la servitude volontaire. La mosaïque,
nous dit-il, n'est pas la politique, mais son contraire. Les gens de
peu, les gens de trop, les pique-assiettes verront dans la métaphore
et le signifiant des raisons d'espérer, de devenir des créateurs, des
Picasso de l'assiette, des « Picassiettes ». À défaut, des artisans,
des acteurs de leur propre existence.
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