Dans ses trois premiers romans, Anne Tiddis nous
transportait dans l'univers du peuple algérien, blessé par son
histoire, celui encore de femmes, d'hommes arrachés à leur
mémoire, s'égarant dans une quête identitaire, où la violence
et la mort étaient transcendées par l'envoûtement d'images
oniriques.
Avec son Jeune homme de soixante ans, le romanesque
l'emporte sur le monde poétique, qui est sien. Si le tragique
de l'Algérie fait toujours parti de l'univers de l'auteur, elle
semble vouloir renouer avec une autre vision, celle de la fin
du XIXe siècle où quelques familles du canton de Vaud étaient parties s'exiler à Constantine. Par son écriture, toujours si
prenante dans son attachement à l'introspection, Anne Tiddis
nous entraîne dans un suspense psychologique à travers une
chronique familiale, franco-hélvéto-algérienne.
Ce livre est un fourmillement de sensations, de réflexions
sur l'amour, le sensitif, l'autodérision, et l'attachement à tout
ce qui est caché. L'auteur ne cesse de fouiller sa mémoire
pour débusquer des ramifications insoupçonnées.