«Mobile, élastique, le boyau de SS et de chiens qui nous enserre avale
toujours des portions d'humains sans cesse renouvelées, les arrachant
de la foule qui les entoure et, les étouffant de toutes parts, il les accule
au fond du ventre béant de l'entrepôt. Les visages de ceux-là, les
gueules qu'ont ceux-là, ceux qui nous bousculent, nous poussent,
nous battent, nous mordent, sont des visages furibonds, aveugles de
méchanceté et forcément offensés. Nous nous conduisons si mal et si
stupidement, nous ne souhaitons pas comprendre ce qu'ils veulent et
exigent de nous, nous les rendons sourds avec nos cris de femmes, nos
pleurs d'enfants et notre hurlement, nous leur facilitons si peu la tâche,
alors qu'il suffit d'entrer dans une grange, puis de présenter nos
passeports et nos actes de naissance !»