«Les réfugiés ne cessaient d'affluer d'Iran en avion ou en bateau,
à cheval ou à pied. Une diaspora d'un million d'Iraniens était née.
La République islamique ferma ses frontières. L'ayatollah Khomeiny
proclama l'Amérique «Grand Satan» et les Américains personae
non gratae. Puis une terrible guerre éclata. Sans préavis,
Saddam Hussein envahit la province du Khouzistan, au sud-ouest
de l'Iran. Les soldats iraniens combattirent les Irakiens dans des
tranchées, dans les horribles vapeurs du gaz neurotoxique. Il y eut
des centaines de milliers de morts.
Toutes nos tentatives pour contacter Hassan avaient échoué. Un mur
de silence s'était élevé. Lui et sa famille avaient disparu. Leur sort
était inconnu. Ses jeunes fils, Ali et Madhi, avaient sûrement fait
la guerre.
La nuit, je rêvais de grenadiers aux fruits rouge sang, si mûrs que
leur peau éclatait. Le temps passait. Dix ans, puis vingt ans.»
L'odyssée de la famille Ward en Iran à la recherche d'un être cher ressemble
à un rêve éveillé. Avec pour seuls indices une photo jaunie, un nom
propre et le nom d'un village déformé par le temps, ce petit groupe
traverse un pays, une culture, une histoire que d'aucuns voudraient
opposer au reste du monde. Chemin faisant, ces américains singuliers
composent une ode unique à la rencontre des cultures.