Pour écrire ce récit, j'ai suivi les rives des cours d'eau
de ma vie. Au fleuve Congo, en premier, j'ai rendu grâce.
Là, où je suis née, là, où tout s'est joué. De lieux en lieux,
des bords de la Meuse aux rives de la Lesse, mes mots sur
la surface de l'eau ont ricoché, en ont rencontré d'autres,
le texte, au fil du temps, s'est écrit, la trame d'une vie, la
mienne que je vous donne à lire.
«Je reviens à petits pas sur les lieux de ma naissance, je
viens respirer l'odeur de la pluie sur la terre sèche, écouter
la langue des tam-tam qui se racontent d'une rive à l'autre
du fleuve, des histoires que je ne pourrai pas décoder,
mais dont le rythme me suivra, comme une obsession, en
écho, mes mots, mon histoire avec l'épopée de la grande
Vie.»
Je ne voulais pas perdre le passé, je ne voulais pas
de trous de mémoire et la mort par-dessus. J'ai été au-devant
des ombres, je n'ai pas découvert de fantôme,
pas de secret. J'ai rencontré d'autres vies et la mienne qui
s'écrivait. Ordinaire, extraordinaire.