Imaginez un territoire sous les palmiers et les eucalyptus, en partie
montagneux, autrefois inclus dans la Géorgie, qui fut le théâtre d'une
guerre féroce en 1992-93, et où partout les maisons détruites, les
fenêtres cassées, les toits défoncés seraient restés dans le même état
depuis presque dix-huit ans, faute d'argent, à cause d'un boycott international
et aussi parce que 200 000 Géorgiens ont abandonné leurs
maisons dans cette guerre civile. Les murs des écoles sont tapissés de
dessins d'enfants qui évoquent la guerre, les terres encore collectivisées.
Les Abkhazes, un petit peuple hanté par la crainte de disparaître, se
sont récemment rendus aux urnes pour élire le président de leur
République autoproclamée que seuls quatre pays reconnaissent.
Pour saisir les réalités de ce microcosme au carrefour des luttes
entre Russes, Occidentaux, Géorgiens, Turcs et Arméniens,
Frédéric Delorca propose ici trois angles d'approche : un carnet de
voyage à l'occasion des élections, des interviews d'habitants
d'Abkhazie et une analyse géopolitique. Il lève ainsi un coin de voile
sur une zone de conflit méconnue, où se jouent pourtant le sort des
voies d'acheminement du pétrole de la Mer caspienne, et l'avenir
des marches orientales de la sphère d'influence de l'OTAN.